Au boys de Deuil : Adieu Denis !
Le monde de la musique Renaissance est sous le choc après la disparition soudaine de Denis Raisin-Dadre. Nos plus sincères condoléances vont à sa famille, ses proches et tous les musiciens de Doulce Mémoire.
Pour la communauté des flûtistes et tous celles et ceux qui l’ont côtoyé, amis, collègues, élèves, partenaires, artistes, les souvenirs remontent par flots.
Au début des années 1980, alors que la grande majorité des flûtistes se préoccupaient surtout de musique baroque, de concertos et de sonates, Denis était déjà passionné par la polyphonie de la Renaissance. Il avait ramené de ses études auprès de Gabriel Garrido à Genève la connaissance des madrigaux et chansons et une pratique déjà très virtuose de la diminution.
Au sein du trio I Dilettanti, avec Sébastien Marq, nous partagions avec Denis les tartelettes de « Madame Tout au beurre », les tasses de thé raffiné (déjà !…), les confitures cévenoles, et, avec autant de gourmandise, les Capricci de Vicenzo Ruffo, le plaisir méritoire du jeu sur partitions originales et la découverte des instruments Renaissance d’Adrian Brown et de Francesco Li Virghi.
Puis il y eut Differencias, premiers essais de concerts brisés avec violes, luths, flûtes…
Enfin, l’aventure Doulce Mémoire vit le jour : il y mit son énergie, sa passion, son goût du partage avec le public et les musiciens, sa créativité, ses enthousiasmes, ses coups de cœur et ses coups de gueule… Plus de 30 années de recherche, de création, d’amitiés, de compagnonnage, de spectacles… Ce legs restera vivant grâce aux nombreux enregistrements qui ont accompagné des générations de mélomanes et inspireront longtemps les musiciens à venir.
De l’éducation nationale au conservatoire de Limoges, jusqu’à la classe du conservatoire de Tours et aux weekends du département de musique ancienne, de stages en académies, il a accompagné l’entrée en musique de générations de musiciennes et musiciens, amateurs comme futurs professionnels. C’est à eux que je pense aujourd’hui : Accoutrez-vous d’habits de deuil, Josquin, Perchon, Brumel, Compère ! Et pleurez grosses larmes d’œil, Avez perdu votre bon père.
Claire Michon, présidente de Flûtes à bec en France
Merci à Judith Pacquier, Jérémie Papasergio et Sébastien Marq de leur aide pour l’écriture de cet hommage.